Seul Théâtre Italien en France - 19, rue de la Gaîté - 75014 Paris - Tél. : 01 43 21 22 22
HISTORIQUE
Le Théâtre
Historique du Théâtre
Pas loin de la tour Montparnasse, se trouve le seul théâtre italien en France.
Un beau petit théâtre à l'italienne d'environ 100 places.
On y programme exclusivement des pièces d'auteurs italiens classiques et contemporains,
la plupart d'entre elles n'ont jamais été représentées au public français.
Le théâtre existe dans sa forme actuelle depuis 1980.
Auparavant, il s'appelait Teatrino italiano et se trouvait au 15 de la rue du Maine.
Son créateur, Attilio Maggiulli, est un ancien élève de Giorgio Strehler au Piccolo Teatro de Milan.
Il continue la tradition de la commedia dell'arte en mettant en scène les canevas oubliés de Goldoni,
Fiorilli, Gherardi, ainsi que certaines pièces bien plus connues.
Représentations du mardi au samedi en soirée, le dimanche en matinée.
Toutes les pièces sont jouées en français.
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Les fondateurs de la Comédie Italienne
Attilio Maggiulli & Hélene Lestrade
ATTILIO MAGGIULLI :
Metteur en scène-Pédagogue, formé par Giorgio Strehler au Piccolo Teatro de Milan et Jacques Lecocq à Paris. Il a travaillé notamment avec Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil et comme assistant à la mise en scène avec Jean-Paul Roussillon à la Comédie Française.
Il a fondé le Théâtre de La Comédie Italienne en 1975 où il a mis en scène plus de cinquante pièces de Commedia dell'Arte et de Théâtre Baroque-Fantastique.
Il a également animé des séminaires, des stages et des conférences pour la New York University in Paris, l'E.N.A., l'École Polytechnique et dans des Universités tant aux USA, qu'en RUSSIE, en POLOGNE et en ITALIE.
HELENE LESTRADE :
Comédienne de formation classique (René Simon) a également expérimenté les techniques de jeu selon Stanislavski et Lee Strasberg. Le jeu masqué, la tragédie antique (Jacques Lecocq) et avec Attilio Maggiulli, la Commedia dell'Arte classique et baroque.
Parallèlement à sa formation de comédienne, elle a travaillé la danse classique (Rosella Hightower) le piano (Claude Pothier) et le chant (Lina Possenti). Elle s'est ensuite intéressée au travail sur la prise de conscience du corps par le mouvement (Moshé Feldenkrais) et au Yoga.
Elle est la co-fondatrice du Théâtre de la Comédie Italienne, où elle interprète tous les premiers rôles féminins.
Juillet 1975 :
Fondation du Teatrino Italiano de Montparnasse à Paris, dans l’ancien siège de l’armée du salut.
Juin 1980 :
Fondation du Théâtre de la Comédie Italienne, 17 rue de la Gaîté à Paris, dans un ancien commissariat de police.
Septembre 1991 : Agrandissement du hall d'entrée par l'acquisition d'une boutique mitoyenne.
J’aime et j’estime le travail d’Attilio Maggiulli et de sa troupe…
Giorgio Strehler (octobre 95)
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Quartiers Libres de Philippe Tesson
La rue de la Gaîté continue de bien porter son nom si l’on en juge par les succès qu’y rencontre le théâtre.
A ce propos, on aimerait bien que l’Etat et la ville fassent un effort pour soutenir La Comédie Italienne,
ce petit bijou menacé où Attilio Maggiulli défend la commedia dell’arte contre vents et marées. …
Le Figaro Magazine Vendredi 6 avril 2018
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Après une année où les portes étaient restées fermées fautes de moyens,
la Comédie italienne avait rouvert au printemps.
Mais voilà qu'elle ferme à nouveau, toujours tristement désargentée. Les épreuves se sont accumulées sur le petit théâtre que dirige Attilio Maggiulli rue de la Gaîté.
Le 26 décembre 2015, déçu par François Hollande qui lui avait promis d'aider cette salle vouée à Arlequin et n'avait pas tenu parole, Maggiulli avait jeté sa voiture contre les grilles de l'Elysée.
Magnifique geste dadaïste ! Mais la police, au lieu d'applaudir, envoya l'audacieux à Sainte-Anne ; il en en ressortit encore plus pauvre mais inchangé, toujours décidé à incarner la farce italienne en plein Paris.
Il se résigna pourtant à fermer la maison et put la remettre en marche grâce à la solidarité d'amis et de mécènes. Mais, cette fois, la coupe est pleine. Ou, plutôt, elle est vide. Le financier Bolloré avait laissé entendre qu'il donnerait un coup de main, mais l'on n'a rien vu venir.
Les acteurs de la troupe, qui étaient passés ces derniers temps de huit à six comédiens, ont joué dans la rue la parade " Les acteurs italiens chassés de l'hôtel de Bourgogne en 1697 ", en référence à l'élimination des baladins transalpins par le pouvoir de Louis XIV qui n'avait pas aimé une pièce satirique visant la pruderie de Madame de Maintenon.
La salle est désormais à louer pour des événements à caractère culturel : le premier loueur est Daniel Mesguich, qui va y donner des cours. Pour Maggiulli, directeur et aussi propriétaire d'une partie des murs, la situation est provisoire. Il pense que les locations, sur la durée d'une saison, pourraient lui permettre de payer ses dettes et de financer de nouvelles productions.
" Bien des gens s'intéressaient à nous autrefois : Cartier-Bresson, Beckett, les grands critiques, dit-il. J'ai eu la chance de travailler avec des gens du monde culturel qui pensaient autrement que maintenant. Jusqu'à Jack Lang et Abirached, ça allait. Même récemment, Christophe Girard, à la mairie du Paris, a été attentif. Il reste des intellectuels et des journalistes avec nous : Jean Baudrillard, Armelle Héliot... Mais les responsables d'aujourd'hui ne comprennent pas ce qu'Ariane Mnouchkine a très bien montré : le théâtre a besoin de troupes, repose sur les troupes, ce qui ne correspond aux tempos productifs du système actuel.
On a vécu de façon franciscaine, mais on n'a même plus cet argent-là ! Ce qui me navre aussi, c'est l'absence de solidarité des institutions italiennes et des Italiens de Paris. On dispense un art, une technique de jeu uniques au monde. " Maggiulli, Hélène Lestrade, la " diva " de la troupe, et les autres interprètes sont persuadés que leur renaissance est à portée de main. Maggiulli, qui vient de Naples, croit aux grigris, aux talismans. Du temps où il avait ouvert une antenne de jeu italien à New York - c'était en 1983 -, un chasseur de l'hôtel Waldorf lui avait donné un mouchoir oublié vingt ans plus tôt par Marilyn Monroe. Maggiulli le garde avec lui, sûr que la chance est là, blottie dans ce petit carré de tissu brodé.
16 novembre 2017 - Gilles Costaz
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Article leparisien.fr --- Elodie Soulié
Pour éviter la saisie et espérer remonter un spectacle, le petit théâtre de Montparnasse, dédié à la Commedia dell Arte, tente une ultime solution : louer la salle pour des événements.
" Malgré le soutien de nombreux spectateurs que nous remercions, la Comédie Italienne n'a hélas pas les moyens de produire de nouveaux spectacles pour cette saison. Le lieu est donc disponible d'octobre 2017 à juillet 2018…
" L'affiche couvre un pan de façade comme un dernier SOS. Finita, la commedia ? Les masques pleurent et le décor s'ennuie, derrière la façade bleue baroque de la rue de la Gaité (XIVe), où depuis près de 6 mois la Comédie Italienne a baissé le rideau. Et déjà c'était presque un miracle, pour le dernier théâtre entièrement voué à la Commedia dell'Arte, le théâtre populaire à l'italienne que fait vivre la petite salle depuis 43 ans.
Empêtré depuis 3 ans dans une spirale de dettes, tandis que ses subventions rétrécissaient comme peau de chagrin (lire ci-dessous), le fantasque directeur et metteur en scène Attilio Maggiuli et sa troupe s'efforcent de repousser une épée de Damoclès qui se fait de plus en plus lourde : propriétaire des murs de cet ancien poste de police transformé en 1974 en boîte à surprises baroque et colorée, le trublion peine à assumer l'addition " bail + entretien + fonctionnement + production "…
Résultat, faute d'argent, le lieu a dû être hypothéqué en 2014, et depuis lors Arlequin marche sur le fil du rasoir. Repoussant l'agonie chaque fois in extremis, le plus souvent grâce au sursaut de mécènes et d'amoureux du théâtre traditionnel.
Le théâtre avait néanmoins dû fermer en avril 2016. " Nous avons fait une grande vente de costumes et pu rouvrir en novembre grâce aux dons des gens qui nous aiment, et à des aides extérieures ", raconte Claudine Durand-Simon, le bras droit d'Attilio Maggiuli. Critiques enthousiastes aux " Délices du baiser ", salle remplie, " on a tenu jusqu'en mai ". Et la troupe ne se résigne pas, " Il faut assurer la pérennité de ce théâtre, la banque s'est toujours montrée compréhensive, mais ça ne durera pas éternellement, on a si peur d'être saisis… ", soupire Claudine.
Cette affiche qu'ont vu apparaître les passants de la rue des théâtres, ainsi qu'est souvent désignée la rue de la Gaîté, c'est la dernière idée de la troupe pour essayer de renflouer le bateau : louer ponctuellement la salle de 96 places. Pour des spectacles ou " des séminaires, des événements, des conférences etc. ", suggère Claudine Durand-Simon. " Cela nous fait si mal de ne pouvoir présenter un spectacle cette année ! Mal pour nos spectateurs, pour tous ceux qui nous aident, pour cette troupe… Si cette solution marche, on espère pouvoir remonter un spectacle pour la fin 2018 ".
Avis aux amateurs de lieux " atypiques " et " idéalement situés ", comme le présenterait un bon agent d'événementiel, pour vos séminaires contactez le 01.43.21.22.22, du lundi au vendredi.
La maire du XIVe " ouverte à une rencontre " Pas facile d'obtenir les bonnes grâces de l'Etat après un geste de désespoir comme celui qui avait conduit Maggiuli à précipiter sa voiture contre les grilles… de l'Elysée, en décembre 2013. L'affaire l'avait conduit en psychiatrie et surtout privé de l'aide financière du ministère de la Culture, tombée à l'époque de 30 000 € à 5 000 €. Depuis, les autres subventions, notamment de la Région et de la Ville, ont subsisté mais fondu. Celle de la ville notamment, passée à 7 000 €.
Officiellement, c'est une question de " cahier des charges ", auquel le théâtre ne répond pas : " On nous reproche par exemple notre spécificité, de n'être pas assez dans la diversité, d'être obsolète et de ne pas faire tourner plusieurs spectacles ", explique l'adjointe du directeur. " Mais nous sommes un théâtre de troupe, avec un répertoire spécifique ! " Mais surtout le théâtre se sent délaissé par la mairie du XIVe.
" C'est faux " s'agace la maire PS Carine Petit. " C'est même nous qui avons demandé à la Ville de maintenir la subvention une année de plus, et appuyé ses demandes à la Région ! Nous sommes attachés à toutes les salles de spectacle, mais ce n'est pas à la mairie toute seule de porter ce théâtre, et encore faut-il être sollicités… " Carine Petit se dit " ouverte à une rencontre " et propose " une table ronde pour parler de l'évolution du lieu, que l'on peut accompagner dans ses projets ".
Les Spectacles
La “Comédie Italienne” est le seul théâtre italien en France. Elle programme exclusivement des pièces d’auteurs italiens, classiques et contemporains dont la plupart d’entre elles n’ont jamais été présentées au public français (TOUTES LES PIECES SONT JOUÉES EN FRANÇAIS).
Son fondateur est le metteur en scène Attilio Maggiulli, italien, ancien élève du Piccolo Teatro de Milan, assistant à la Comédie Française, il a travaillé au Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine. Il est un grand spécialiste de la Commedia dell’Arte.
Premières mises en scènes : La citta degli animali (pantomime réalisée en collaboration avec le Teatro Stabile di Torino pour le festival international du Théâtre pour Enfants à l’Akademie der Kunste de Berlin) - La Mandragore de Machiavel - La Moscheta de Ruzante - Moby Dick de Pavese-Melville - Pasolini de Roberto Giardina - La belle aubergiste de Goldoni.
Juillet 1975 : Fondation du Teatrino Italiano de Montparnasse à Paris au 15 de la rue du Maine.
Mises en scène : Les Ragionamenti de l’Aretin - Lettres de prison d’Antonio Gramsci - Louise de Cavanna - Le bluff de Giovanni Arpino - Le rosaire de De Roberto - La mort de Staline de Sciascia - L’épouse prudente de Goldoni - La vénitienne d’auteur anonyme de la Renaissance italienne.
Février 1980 : La biennale de Venise, invite Attilio Maggiulli et sa troupe à réaliser une nouvelle mise en scène de la Venexiana à l’occasion du grand carnaval de Venise au Teatro a l’Avogaria.
Juin 1980 : Fondation du Théâtre de la Comédie Italienne, rue de la Gaîté à Paris.
Mises en scène : Les malheurs de Pantalon (spectacle de Commedia dell’Arte à partir d’anciens canevas de T. Fiorilli) - La Locandiera de Goldoni - La mère confidente de Marivaux - La servante amoureuse de Goldoni - Mamma Marcia de Malaparte - Noblesse et bourgeoisie de Goldoni - La manie de la villégiature de Goldoni - Les aventures de la villégiature de Goldoni - Le retour de la villégiature de Goldoni - Le baiser d’amour d’un auteur anonyme du XVIIIè siècle - Les intrigues de Gherardi - Casanova (ou) la dissipation d’après les mémoires de Casanova et de R.Abirached - Chrisis de Piccolomini - Les délices du baiser de F. Visconti - L’épouse prudente de Goldoni - Arlequin au carnaval de F. Scala - Les folies de l’amour de F. Visconti - La comédie de l’amour de Goldoni - Orlando Furioso de l’Arioste - Le doux baiser d’amour de Riccoboni - L’art d’aimer d’après Ovide - Le livre croustillant de Carolina Invernizio - La suivante généreuse de Goldoni - Le jardin des amours enchantés de Goldoni - Les joyeuses manigances d’Arlequin et Colombine de Gherardi - La rose amoureuse d’après un livret de Goldoni - Ces dames pointilleuses de Goldoni - Noblesse et bourgeoisie de Goldoni - Due volte sola d’après un scénario original de Giorgio Strehler - Arlequin et Colombine à l’école de l’amour, canevas de Goldoni - Casanova, sublime histrion d’après ses mémoires et autres emprunts.
Sous le nom de Iago Migatti Lulli : Le fabuleux destin de Silvio Berlusconi (2002), George W. Bush ou le triste Cow-Boy de Dieu (2003). En juillet 2003, fondation à San Francisco (USA) d’une nouvelle troupe : THE PARADOX TROUPE of Berkeley et création de la pièce Guantanamo Palace au Bantam Theatre de San Francisco (CA). 2004, Tournée de la pièce dans différentes facultés de Californie, " Le Hoquet du Pape " (2009).
2005 -2006 : La Locandiera de Goldoni.
Aout 2006 : Tournage d'un film : "MATER DOLOROSA", réalisé par Attilio Maggiulli avec le concours de la troupe.
2006 -2008 : Les Pointilleuses de Goldoni.
2008 -2009 : Les sortilèges de l'Amour d'après C. Goldoni et C. Gozzi.
2009 -2010 : Le Baiser enchanté d'après un livret de C. Goldoni.
2009 -2010 : Scapin et Arlequin sur la Lune d'après Molière et autres emprunts, adaptation et mise en scène : Attilio Maggiulli. (Pour jeune public)
2010 -2011 : Volpone d'après Ben Jonson
2010 -2011 : Autour de l'Avare d'après Molière et autres emprunts, adaptation et mise en scène : Attilio Maggiulli. (Pour jeune public)
2011 -2012 : Nonintendo de Iago Migatti-Lulli - mise en scène : Attilio Maggiulli - (Pour jeune public)
2011 -2013 : Arlequin Valet de Deux Maîtres de C. Goldoni, adaptation et mise en scène : Attilio Maggiulli.
2013 -2014 : Noblesse et Bourgeoisie de C. Goldoni, adaptation et mise en scène :
Attilio Maggiulli.
2014 -2015 : Le Jardin de Amours Enchantées d'après C. Goldoni Mise en scène :
Attilio Maggiulli
2015 -2016 : Une joyeuse et délirante villégiature d'après Goldoni et Casanova, adaptation et mise en scène d'Attilio Maggiulli
2016 -2017 : Les Délices du Baiser d'après des canevas de C. Invernizio, I. Corvinus et ... C. Goldoni
Les Archives
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Pour une école de Comédie à l'Italienne
Que signifie « Théâtre à l'Italienne » ? Sans doute serait-il difficile, en Italie, de s'accorder sur une telle définition : parce qu'elle pourrait signifier trop de choses à la fois, ou trop peu. Mais pour Attilio Maggiulli ces mots ont un sens très concret, parce que depuis ces années, à Paris, il le fait lui, le « Théâtre à l'Italienne ».
L'image de l'Italie ressort de la perpétuelle confrontation entre deux cultures, entre deux civilisations théâtrales, comme Maggiulli les vit. Pour lui, théâtre italien cela veut dire une tradition dans laquelle s'insèrent, au fil des siècles, les succès parisiens d'acteurs et de textes italiens, de la Commedia dell'Arte à Goldoni et à Pirandello, cela veut dire aussi la vitalité d'expressions théâtrales moins exportable comme le théâtre en dialecte et le spectacle de variétés.
Et voici que cette expérience de faire du théâtre à Paris en gardant comme point de repère l'Italie - langue, situations, gestes, rythme vital - a rendu possible la naissance à Paris d'une « école théâtrale italienne ». « École » dans le double sens du terme : cela fait désormais des années que Maggiulli met en scène à Paris Goldoni et Ruzante, Machiavel et l'Aretin - et une formation à ce type de jeu à de nombreux élèves. Ces cours marquent un événement dans l'histoire de la santé artistique du monde, pour laquelle surtout est important de conserver le courant vital qui parcours les artères et les veines.
Italo Calvino
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Il était une fois... La Comédie italienne
Il était une fois à Paris une « Comédie Italienne ». En l'an de grâce 1770, GOLDONI écrivait pour les Parisiens Le Bourru bienfaisant et enseignait l'italien aux sœurs du roi Louis XVI. Puis soudain,... les douze coups de minuit sonnèrent et le conte se termina.
A présent il existe à Paris « LA COMÉDIE ITALIENNE ».
Les années 70 de notre XXè siècle s'achèvent, personne n'écrit plus comme Goldoni et il ne reste ni sœurs, ni Louis, mais par le théâtre le conte tous les soirs peut recommencer...
Le Théâtre est mort, nous dit-on, car il n'y a plus de société. Il s'en trouve pourtant encore un pour donner naissance à des Maggiulli, prêts à présenter des textes retrouvés par Maggiulli, adaptés par Maggiulli, mis en scène par Maggiulli. Ainsi devant ce phénomène de résurrection des « Commedianti » à l'italienne, fait d'amour, de talent et d'intelligence, comment douter que le Théâtre ne soit pas vivant alors qu'il existe dans sa forme la plus réduite : un petit espace à Montparnasse, où tous les soirs recommence l'Histoire Éternelle des comédiens autour de leur « Capocomico », des personnages en quête d'un auteur, du monde qui se joue lui-même et se reflète dans le miroir du Théâtre, tandis que brûlent jusqu'aux douze coups de minuit les lumières du Proscenium...
Le Théâtre, l'histoire du Théâtre, la vie dans le Théâtre, la vie comme Théâtre, ressemble aussi à ces petites boîtes chinoises où le mystère de l'une détient toujours le mystère de l'autre.
Pourquoi ne pas vouloir se souvenir qu'il était une fois à Paris une Comédie Italienne... Pourquoi ne pas croire que Maggiulli et ses compagnons recommencent aujourd'hui un conte qui pourrait engendrer d'autres « Bourrus », d'autres « Éventails »... ?
Pourquoi ne pas savoir que le spectacle commence à 20 h 30 et que les douze coups de minuit sont encore loin ? Pourquoi... ? Pourquoi... ? Pourquoi... ?
Alberto Cavallari (écrit en septembre 1979)
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Éloge d'un corsaire du théâtre
Attilio Maggiulli est un corsaire, un pirate, un sympathique bandit de grand chemin ; et son théâtre, un rejeton qui n'appartient ni à lui ni aux autres. Il a souvent butiné, pour notre bonheur, dans les canevas oubliés de Flaminio Scala, de Biancolelli, de Gherardi, Tiberio Fiorilli, Regnard, Goldoni ou Gozzi, nous composant ainsi le fantastique répertoire d 'un théâtre à losanges, semblable à l'habit d'Arlequin, dont il a endossé le masque, avec talent, dans sa toute première jeunesse.
Maggiulli est parmi les véritables « continuatori » de la tradition de la Commedia dell'Arte : ses ancêtres, les « Comici », ignoraient la notion de propriété privée et ne se souciaient nullement des droits d'auteurs (le moderne Théâtre bourgeois ainsi que Monsieur de Beaumarchais étaient encore loins à venir !).
Tels les artisans « delle Botteghe d’Arte Mediœvali », les « Comici » considéraient que les textes théâtraux devaient leur appartenir au même titre que les autres instruments de production, comme les masques, les accessoires, les costumes : des vrais communistes « ante litteram »! Chaque comédien avait hérité, les canevas (histoires) des comédies et les « parti scannate » (les rôles), parfois par écrit mais bien souvent « di memoria ». I1 s'agissait de monologues, chansons, effets comiques, lazzis (gags), scènes à deux voire à plusieurs acteurs, bons à toutes sortes d'usages et prêts à l'emploi.
L’origine de ces morceaux de bravoure se perd dans les dédales de la mémoire collective : elle provenait d’une mère ou d'un père comédien, ou encore du souvenir de vieux mythiques comédiens qui, à leur tour, les tenaient d'autres comédiens disparus depuis longtemps… et cosi via.
Comme les contes de fées, les canevas de la Commedia dell'Arte étaient anonymes, la propriété revenant à ceux qui s'en servaient, c'est ainsi que le génie théâtral de ces textes a pu traverser les siècles sans que nul ne puisse imaginer de pouvoir en dénoncer la paternité. Bien souvent, l'emprunteur enrichissait le fruit de son larcin de traits de son cru, devenant pour ainsi dire le co-auteur (voir les pièces italiennes de Molière).
De génération en génération, soir après soir, au cours de longues tournées exténuantes, l’œuvre changeait sans cesse, rendant l’identité des différents auteurs bien difficile à définir. Uno, Nessuno, Centomila !
C'est de là que naît la véritable force de ce théâtre : il a le visage d'un orphelin, que dis-je ? d'un fils illégitime à qui il est impossible d'attribuer une quelconque paternité.
Maggiulli cultive la mémoire de ces spectacles hors du temps faits de citations, parodies, nostalgies, réinventions et adaptations : il fait parler à travers ces pièces les générations de Commedianti dell'Arte qui l'ont précédé ; de ces vies faites de naissances. d'éducation à la pratique théâtrale, de voyages, de séparations, de trahisons, de mariages, de confessions, de testaments, de mensonges, de découvertes et de mort.
Ce théâtre sera toujours nouveau tout en ayant une connotation antique : il est italien mais il a l’air d'être français, il est français mais il finit par devenir italien. Il est tout à fait le portrait d'un des derniers corsaires du XXè siècle, ce théâtre d'Attilio Maggiulli : Parisien des Pouilles.
Siro Feronne
Professeur d'histoire du Théâtre à I’Université de Florence
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Sur ma foi !
Le Théâtre (semence du phénix d'ailleurs) est agonisant, dit-on.
Pourtant il existe toujours quelqu'un qui fait qu'on ne puisse pas en être tout à fait certain.
Cachés dans un coin de Paris qu'écrase désormais l'ombre inhumaine de la tour Montparnasse, une rue célèbre : la rue de la Gaîté, avec ses deux siècles de bals, de bordels, de « fange de trottoirs », d'anarchisme, mais aujourd'hui devenue une vieille fête de cadences de pornomanie à l'américaine, Attilio Maggiulli et son endiablée compagne Hélène Lestrade ont recréé ce qui n’existait plus que dans les légendes : La Comédie Italienne d'antan, une curieuse réalité vivante au sein de l'actuel système théâtral parisien.
Un réverbère - minuscule et admirable signe de vie, qu'on allume tous les soirs depuis des années pour un public averti, petite salle où jadis on amenait les turbulents et les ivrognes du quartier. On y tapait à la machine des procès-verbaux, au 17, rue de la Gaîté. Comme par défi à la charnue et cossue cousine de la salle Richelieu, Attilio Maggiulli l'a nommée : « 1a Comédie Italienne ».
Sans le génie inventif, l'acharnement d'alchimistes de Attilio Maggiulli et de ses compagnons de ferveur, des pièces comme Les joyeuses manigances (jouée une seule fois devant le Roi à Paris en 1760, puis mise sous la dalle à la Bibliothèque Royale) n'auraient plus peut-être que le savoir maniaque et glacé de quelque omnisciente Sorbonne à ordonnateur comme refuge de mémoire, mais voilà le miracle... Ces ombres au masque figé, ce comique spectral s'incarnent dans des acteurs contemporains avisés, bien dirigés et sûrs d’eux-mêmes, et viennent témoigner pour la vie éternelle du théâtre sur des planches qui reçoivent de l'esprit, la solidité et l'intronisation, où l'éclairage de la rampe est fait par le charme, la musique de fond par l'inexprimable mélange de la chaleur du cœur et de la créativité. Toujours de la verve, du galop, des cris, de l'impudence de vivre, de la transmission au spectateur, grand bénéficiaire, de ce que Lucrèce appelle vivata potesta, le coup de fouet de l'énergie vitale...
Je me suis bien ennuyé, parfois, à des spectacles parisiens d'éclat, fort coûteux, dans des théâtres ou des spectacles orbitaux richement subventionnés pour l'homme-masse : jamais dans le petit carré magique, pauvre apparemment, de la Comédie Italienne. Sur ma foi !
Guido Ceronetti
Poète, traducteur, romancier, marionnettiste et philosophe italien contemporain
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La Comédie Italienne de Maggiulli
D’habitude, au théâtre, on se sent petit dans un vaste lieu.
A la Comédie Italienne de Maggiulli, c'est le contraire qui se produit, on se sent grand dans un espace petit. La première impression ressentie est que l'on se sent encombrant. Comment notre corps peut-il être plus grand qu'un théâtre ? C'est une impression qui s'évanouit rapidement. A la Comédie Italienne, tout est petit, tout est miniature, mais tout est « fantastico ».
On se sent transporté dans une coquille de noix qui vogue vers des mers et des îles lointaines, peuplées d'êtres ornés de plumes, mi-hommes, mi-oiseaux. Notre vie s'enfuit à des milliers de kilomètres, nous l'apercevons de plus en plus petite, rien qu'un point loin derrière nous. Elle s'enfuit rapide, telle un éclair, vers ses fabuleuses racines, là où il n'y a ni passé, ni futur. Ainsi travaille Maggiulli, il construit ses spectacles avec la minutie et la précision d'un orfèvre amoureux des fables ou tel un magicien, un illusionniste qui donne la vie à des petits sortilèges ironiques, à des prodiges qui font sourire mais qui nous laissent bouche bée. L'enchantement, le goût du merveilleux, triomphant d'autant plus que l'ironie semble défier la fable et la dissoudre.
Les spectacles de Maggiulli sont de petits mécanismes animés par des engrenages et des rouages invisibles à l'oeil nu, étudiés non pas pour compter, mais pour oublier le Temps.
Cesare Garboli
(parmi les plus remarquables écrivains italiens contemporains)
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Un Nouveau « Petit Bourbon » ?
Le Futur Roi-Soleil rencontra Scaramouche pour la première lorsqu'il avait deux ans. Voici ce que raconte à ce sujet un siècle après les faits, dans « l'ancien théâtre italien en France depuis ses origines... », Thomas-Simon Guellette, substitut du procureur du Châtelet :
Le Royal Bambin faisait volontiers des caprices, et ce jour là, personne à la cour n'arriva à le dérider. Mais Scaramouche, tout de noir vêtu, avec ses airs gauches, ses grimaces, ses fanfaronnades de Capitan et ses mimiques de Nigaud, obtint un effet extraordinaire : Le petit Louis cessa de pleurer et fût pris d'une telle hilarité qu'il laissa des traces visibles de son enthousiasme sur les habits du pauvre Tibério Fiorilli (Scaramouche) qui l'avait respectueusement pris dans ses bras.
Je ne sais pas à quoi ressemblait le napolitain Fiorilli qui rendit célèbre Scaramouche quant à Attilio Maggiulli, il ne court pas ce petit risque qui allait de pair avec de si grands avantages... Et il n'a même pas un Mazarin qui le protège...
Il (Maggiulli) me fait toujours penser à Fiorilli et au Capitaine Spezzaferro, de son vrai nom Guiseppe Bianchi, dont la compagnie utilisait probablement le masque de Scaramouche, alors une formidable nouveauté. Voici donc leurs descendants que j'ai découvert la première fois que je suis passé rue de la Gaîté, un soir d'hiver.
Le spectacle avait commencé. J'ai entrouvert la porte, et ce fût comme une boîte magique. Dans mon esprit c'était « Le petit Bourbon », scène que les italiens partageaient avec la troupe de Molière, avant qu'ils n'aient un Théâtre à eux.
D'ailleurs, un Mirliton disait : « Scaramouche fût le maître de Molière, de la nature fût le sien » ! Une gravure de L. Weyen, tout à la fois plus explicite et plus malveillante, montre Scaramouche enseignant, un fouet à la main, et Molière sous cette menace, s'essayant à l'imiter tout en se regardant dans un miroir.
Voilà vingt ans que je vis à Paris et j'ai plaisir à penser que dans un coin de cette ville il y a le théâtre de Maggiulli. Je sais que son imaginaire n’est sûrement pas aussi Mégalomane que le mien et qu’il ne rêve pas d’éduquer Molière, un fouet à la main.
Bernardo Valli Grand Reporter à LA REPUBBLICA
Ecrivain, Essayiste
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Pour la Comédie Italienne
C'est au coeur de Paris, que j'ai découvert la Commedia dell'Arte, que je pensais enfouie dans une vieille malle au fond d'un grenier ; c'est à l'ombre de la tour Montparnasse qu'elle s'est montrée à mes yeux sans une ride et plus vivante que jamais.
C’est à Hélène Lestrade et Attilio Maggiulli que je dois cette découverte, maîtres d'un lieu enchanté où la source de l'enthousiasme, de la fantaisie et de l'humour ne semble jamais se tarir. Il y a longtemps que je les connais, des années se sont écoulées mais je suis toujours émerveillée de leur capacité à surmonter chaque obstacle avec un feu d'artifice d'invention, comme s'ils étaient dotés d'une baguette magique.
C'est ainsi que le commissariat de la rue de la Gaîté s'est transformé en « La Comédie Italienne »; et que ce petit théâtre est devenu un lieu connu et reconnu, choisi même pour figurer comme exemple parmi les grands théâtres parisiens.
Mais pour que chaque spectacle à l'affiche du « Teatrino » se transforme en un événement, dans la lignée de l'Hôtel de Bourgogne, enthousiasme et fantaisie n'expliquent pas tout : derrière ce feu d'artifices se cachent rigueur et labeur, et aussi un grand respect du texte et de l'auteur, et chose plus rare encore, celui de l'acteur et du public. Sans oublier la passion d'Attilio Maggiulli pour la chasse aux trésors perdus, comme cette « Rose amoureuse », tiré de « Arcifanfano re dei matti », qui est un livret d'Opéra écrit par Goldoni et depuis lors disparu des scènes.
Merci donc à Attilio Maggiulli pour sa passion mais aussi un grand merci à Hélène Lestrade pour être la si grande comédienne qu'elle est.
Benedetta Gentile
Critique dramatique pour IL SOLE-24 ORE Correspondante de l'A.N.S.A. à Paris
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Le jeu du comédien
Entre les plusieurs formes possibles de théâtre (théâtre de parole, théâtre psychologique, théâtre didactique, etc...), à la Comédie Italienne on ne fait que du théâtre.
L'action, le texte, les personnages, les idées sont « simplement » des éléments fonctionnels du spectacle, qui trouvent leur incarnation dans le sens physique du terme - dans le corps des acteurs.
Dans une époque qui voit le triomphe incontesté du metteur et scène, démiurge qui brame la mise en scène idéale, à la Comédie Italienne la mise en scène assume la fonction de délivrer le « jeu » du comédien pour qu'il puisse vivre et se renouveler chaque soirée avec la complicité des spectateurs (et pardonnez-moi si cela n'est pas assez).
Maria Alberti
femme savante florentine